HOMELIE EPIPHANIE 2009 Billiers Arzal Muzillac
Le jour de l’Epiphanie, j’ai envie de souhaiter une bonne fête aux … païens. Y-a-t-il des païens parmi nous ?
A Noël, l’enfant Jésus a reçu dans une grande intimité la visite de modestes bergers juifs, des croyants juifs, ne comprenant pas bien qui est Jésus.
A l’Epiphanie, vient le temps de la publicité du Messie. L’Enfant Jésus reçoit des mages, des sages étrangers et croyants païens. Certains pensent qu’il s’agissait de prêtres d’une religion perse. La tradition populaire leur donnera des noms avec leur origine : Balthazar l’africain, Melchior l’Européen et Gaspard l’asiatique. Ils représentent l’humanité entière. Ce sont en tout cas des chercheurs de la vérité, des philosophes et des hommes remplis de la science de leur époque : l’astrologie. On scrutait les étoiles tout comme aujourd’hui. Il est d’ailleurs étonnant de voir encore l’engouement de nos contemporains pour les horoscopes.
Selon l’évangile, les mages ne sont pas des rois, mais par la noblesse de leur démarche et de leur geste, ils ressemblent effectivement à des rois. Ils reconnaissent d’ailleurs en Jésus « le roi des Juifs ». Avec eux, ils apportent au Christ toute leur belle culture orientale. Les mages apportent l’or qui célèbre la royauté, l’encens pour la divinité et la myrrhe pour le respect des morts. On peut déjà retenir ici pour nous leur sens de l’adoration et du respect.
Plus savamment, l’Épiphanie – qui signifie en grec « apparition » - est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. L’épiphanie célèbre l’adoration de Jésus par des " mages " venus d’Orient (Mt 2, 1). Dans ces " mages ", représentants des religions païennes environnantes, l’Évangile voit les prémices des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem pour " rendre hommage au roi des Juifs " (Mt 2, 2) montre qu’ils cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David, celui qui sera le roi des nations. On pourrait d’ailleurs faire ici un lien avec la fête du Christ, roi de l’univers au dernier dimanche de l’année liturgique.
Leur venue signifie que les païens ne peuvent découvrir Jésus et l’adorer comme Fils de Dieu et Sauveur du monde qu’en se tournant vers les juifs et en recevant d’eux leur promesse messianique telle qu’elle est contenue dans l’Ancien Testament. L’Épiphanie manifeste que –selon le mot de S. Léon le Grand – « la plénitude des païens entre dans la famille des patriarches ».
On dira que l’épiphanie est la Pentecôte de Noël, car le Christ vient pour tous les peuples de la terre.
Concrètement pour nous, à quoi nous invite cette grande fête au-delà du partage de la galette des rois ?
Faisons peut-être grandir en nous le sens de l’adoration. Reconnaissons que nous avons-nous aussi besoin de nous abaisser devant celui qui doit régner dans nos vies, le Christ Jésus. Alors, en nous tournant vers le Christ qui est source, centre et sommet de notre vie et de toute vie, comme les mages, repartons dans cette nouvelle année par de nouveaux chemins, ceux que l’Esprit Saint nous montrera jour après jour. « Plus important encore que d’ajouter une année à notre vie, c’est d’ajouter de la vie à notre année qui compte ». Vie divine pour notre vie humaine. Bonne et sainte année à tous.